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mercredi 27 mai 2015

Recensions partitions Delatour France - L'Éducation Musicale n°93 de juin 2015

Recensions de partitions par Daniel BLACKSTONE
 dans l'Éducation Musicale n°93 de juin 2015

 

OPERAS POUR ENFANTS

Bernard COL, musique, Cécile PRUNET, livret : La nuit des korrigans.  Opéra pour enfants (chœur et solistes). Delatour : DLT2513.
Il s'agit d'une œuvre importante puisque la durée du spectacle est d'environ quarante-cinq minutes. Un chœur d'enfant à une et deux voix, quatre rôles de solistes dont trois adultes, et un soliste secondaire enfant se partagent les rôles. L'accompagnement est prévu pour piano seul, mais un arrangement pour ensemble ou orchestre peut être obtenu sur commande.
L'argument est emprunté à l'imaginaire breton : korrigans et Ankou (figure de la mort) y jouent un rôle central. La musique est écrite dans un style romantique auquel se mêlent des références à la musique française du début du XX° siècle. Si l'œuvre a, évidemment, un côté très sombre, elle se termine cependant « dans un climat musical de joie et de libération, sur l'air traditionnel de la dérobée de Guingamp ». Souhaitons que beaucoup d'écoles de musique et de collèges se lancent dans cette aventure qui devrait être passionnante, d'autant que l'ensemble ne comporte pas de grande difficulté.

 
CHANT

Madeleine BLOY-SOUBERBIELLE : Deux mélodies  pour chant et piano. Delatour : DLT2417.
Remercions Alexis Galpérine de nous faire découvrir ce diptyque de celle qui était à la fois la fille de Léon Bloy et la femme d'Edouard Souberbielle, grand organiste et professeur qui eut pour élèves entre autres Michel Chapuis, André Isoir, Odile Bailleux…
Madeleine Bloy Souberbielle était aussi une musicienne, élève de Vincent d'Indy, dont le talent fut reconnu par Georges Auric, Francis Poulenc, et, bien entendu, son mari…
Le contraste entre les deux poèmes est extrême : dans Demain dès l'aube… Victor Hugo nous fais partager son cheminement vers la tombe de sa fille. La babillarde d'Antoine de Baïf  est au contraire un poème léger, bien dans la veine des poètes de la Pléiade. On aimera la délicatesse de l'écriture de ces mélodies écrites en 1948 et qui méritent d'être chantées et enregistrées rapidement.

ORGUE



Fernand de LA TOMBELLE (1854 – 1928) : Jeanne d'Arc. Suite d'épisodes symphoniques pour orgue. Delatour : DLT2478.

Remercions d'abord les éditions Delatour de publier pour la première fois cette œuvre monumentale d'un compositeur trop méconnu. Ce baron aux multiples talents, compositeur, pianiste et organiste, pédagogue, écrivain, poète, photographe, élève d'Alexandre Guilmant, Théodore Dubois et Camille Saint-Saëns fut un des fondateurs de la Schola Cantorum où, professeur d'harmonie, il comptera parmi ses élèves Déodat de Séverac, Blanche Selva, Auguste Le Guennant… Cette fresque sur Jeanne d'Arc est une œuvre monumentale puisqu'elle dure environ trois quarts d'heure. Lors de la création, le 4 juin 1905, elle était intitulée sur le programme « Poème symphonique de Jeanne d'Arc ». Reprenant toute l'histoire de Jeanne grâce à deux thèmes principaux qui parcourent la composition et à des motifs annexes, l'ensemble allie à la fois continuité et diversité. Il faut aller lire sur le site de l'éditeur la présentation ainsi que, dans la partition, la copieuse et passionnante introduction de celui qui a réalisé cette première édition : J-Emmanuel Filet.


 

Gabriel FAURÉ : Pelléas et Mélisande.  Transcription pour orgue de Louis Robillard. Delatour : DLT2134.
On connait la qualité des transcriptions  pour orgue de ce remarquable organiste et professeur. Les indications de registration et de répartition des plans sont conçues pour un instrument à trois claviers, mais il sera possible d'adapter en fonction de l'instrument dont on dispose, en respectant cependant l'esthétique de ceux que Fauré à connus… Bref, c'est un grand plaisir de pouvoir aborder ainsi ce répertoire.




GUITARE

Didier RENOUVIN : Passé (re) composé.  Etudes progressives pour guitare. Débutant à supérieur. Delatour : DLT1823.
A travers ces études, c'est toute une vie et une expérience d'enseignement que l'auteur nous livre. Beaucoup de ces études sont des hommages ou des clins-d'œil à tel ou tel compositeur ou guitariste connus, ou encore des exercices de styles. Bref il y a beaucoup de variété, de vie et de vraie musique dans ces études qui ne négligent pas, bien évidemment, le côté technique.




HAUTBOIS

Paul STERNE : Prélude  pour hautbois et piano. Facile. Delatour : DLT2287.
La mention « facile » risque d'induire en erreur. Certes, cette œuvre ne demande pas de grands moyens techniques, mais c'est avant tout une musique riche par ses harmonies délicates, son lyrisme, son caractère méditatif et parfois un peu champêtre.  C'est avant tout de la très belle musique qu'on pourra écouter intégralement sur le site de l'éditeur.

CLARINETTE

Paul STERNE : Soliloque  pour clarinette seule. Fin de second cycle. Delatour : DLT2512.
C'est une jolie pièce à l'aspect un peu mystérieux qui mettra en valeur les qualités tant technique que musicale du jeune clarinettiste. On peut écouter la pièce intégralement sur le site de l'éditeur.

SAXOPHONE


Charles BALAYER : Amusette, Ah musette  pour quatuor de saxophones. Moyen/avancé. Delatour : DLT2302.

Quelle jolie valse-swing ! Composée primitivement pour accordéon, elle sonne admirablement pour ce quatuor de saxophones. Après un intermède introductif, répété régulièrement, se déroulent des « chorus » qui se développent de huit en huit mesures. L'ensemble est joyeux, mais toujours avec ce brin de mélancolie du style « musette ». C'est en tout cas très réussi ! 




 

MUSIQUE DE CHAMBRE

Thierry PALLESCO : Sortilèges  pour quatuor à cordes. Moyenne difficulté. Delatour : DLT2351.
Trois mouvements pour ce quatuor. Le premier, Vivace,  après quatre mesures battant la pulsation, est entièrement construit sur une succession ininterrompue de croches jusqu'à quelques mesures de la fin. On a l'impression d'une sorte d'envoutement. Le court deuxième mouvement est un Lento en valeurs longues et très lyrique. Quant au troisième mouvement, on y retrouve le rythme lancinant du premier mouvement, parfois décliné en doubles croches, avec des envolées semblables à des fusées. On y retrouve toutes les qualités expressives et musicales de cet organiste et compositeur dont on pourra écouter sur Youtube les compositions pour orgue.



Thierry PALLESCO : Prélude pastoral et fugue  pour piccolo, hautbois et cordes. Moyenne difficulté. Delatour : conducteur DLT2350 – matériel DLT2350E.

Il s'agit d'un septuor : au piccolo et au hautbois se joint un ensemble à cordes au complet. Piccolo et hautbois font de courtes interventions qui ponctuent le discours des cordes. On connait le côté « pastoral » de ces deux instruments. L'ensemble possède les qualités musicales des œuvres de ce compositeur-organiste plus connu pour ses œuvres pour orgue. C'est vraiment de la belle musique !
 



Jean-Jacques WERNER : Ils s'appelaient Pierre et Paul.  Elégie pour Violon solo, Alto solo & orchestre à cordes. Solistes et réduction piano. Delatour : DLT2444. Conducteur : DLT2443.
Cette œuvre est un « Hommage aux combattants de la Grande Guerre 14-18 » Ecrite en 2013, elle a été créée à Nancy le 17 mars 2014. Cette pièce poignante s'inscrit bien dans le regard que nous portons aujourd'hui sur cette période de l'histoire. L'auteur cite en conclusion de son œuvre cette phrase du prêtre et poète allemand Séverin-Anton Averdonk : « Un monstre vint, surgi des abîmes de l'enfer, il grandit entre le ciel et la terre, et ce fut la nuit ». Que dire de plus ?
Gérard HILPIPRE : Symphonie de chambre  pour 7 instruments solistes. Assez difficile. Delatour : DLT2411.
Il s'agit de la réécriture en 2014 d'une œuvre écrite en 1987. Les sept instruments sont une flûte, une clarinette (alternant avec la clarinette-basse), violon, alto, violoncelle, piano et percussions. L'œuvre est constituée de cinq sections qui s'enchaînent. Chacune offre un paysage différent, en contraste avec le précédent, onirique, lyrique, contemplatif… Il y a donc beaucoup de poésie et de charme dans cette œuvre passionnée. 


 
Jean-Charles GANDRILLE : Près des fleuves de Babylone  pour violon et orgue. Difficile. Delatour : DLT2477.
Cette œuvre est inspirée par le Psaume 136, dont on ne retient souvent que la première phrase « Près des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion. » Mais ce chant du peuple juif déporté à Babylone contient aussi des accents terribles : si la danse est présente aussi dans ce psaume, c'est en souvenir de Jérusalem ; et le dernier verset exprime toute la soif de vengeance des déportés : « Fille de Babel, la dévastée, heureux qui te rend la pareille, le mal que tu nous as fait ! Heureux qui saisit tes enfants, et les écrase sur le roc ! ». Tout cela se retrouve dans cette œuvre tendue, haletante, à la fois pleine de nostalgie et de brutalité.






 



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