Recensions de partitions par Daniel BLACKSTONE
dans l'Éducation Musicale n°93 de juin 2015
OPERAS POUR ENFANTS
Bernard COL, musique,
Cécile PRUNET, livret : La nuit des korrigans.
Opéra pour enfants (chœur et solistes). Delatour :
DLT2513.
Il
s'agit d'une œuvre importante puisque la durée du spectacle est d'environ
quarante-cinq minutes. Un chœur d'enfant à une et deux voix, quatre rôles de
solistes dont trois adultes, et un soliste secondaire enfant se partagent les
rôles. L'accompagnement est prévu pour piano seul, mais un arrangement pour
ensemble ou orchestre peut être obtenu sur commande.
L'argument est emprunté à l'imaginaire
breton : korrigans et Ankou (figure de la mort) y jouent un rôle central.
La musique est écrite dans un style romantique auquel se mêlent des références
à la musique française du début du XX° siècle. Si l'œuvre a, évidemment, un
côté très sombre, elle se termine cependant « dans un climat musical de
joie et de libération, sur l'air traditionnel de la dérobée de
Guingamp ». Souhaitons que beaucoup d'écoles de musique et de collèges
se lancent dans cette aventure qui devrait être passionnante, d'autant que
l'ensemble ne comporte pas de grande difficulté.
CHANT
Madeleine
BLOY-SOUBERBIELLE : Deux mélodies
pour chant et piano. Delatour :
DLT2417.
Remercions
Alexis Galpérine de nous faire découvrir ce diptyque de celle qui était à la
fois la fille de Léon Bloy et la femme d'Edouard Souberbielle, grand organiste
et professeur qui eut pour élèves entre autres Michel Chapuis, André Isoir,
Odile Bailleux…
Madeleine
Bloy Souberbielle était aussi une musicienne, élève de Vincent d'Indy, dont le
talent fut reconnu par Georges Auric, Francis Poulenc, et, bien entendu, son
mari…
Le contraste entre les deux poèmes est
extrême : dans Demain dès l'aube… Victor Hugo nous fais partager
son cheminement vers la tombe de sa fille. La babillarde d'Antoine de
Baïf est au contraire un poème léger, bien dans la veine des poètes de la
Pléiade. On aimera la délicatesse de l'écriture de ces mélodies écrites en 1948
et qui méritent d'être chantées et enregistrées rapidement.
ORGUE
Fernand de LA TOMBELLE
(1854 – 1928) : Jeanne d'Arc. Suite d'épisodes symphoniques pour
orgue. Delatour : DLT2478.
Remercions d'abord les éditions Delatour de
publier pour la première fois cette œuvre monumentale d'un compositeur trop
méconnu. Ce baron aux multiples talents, compositeur, pianiste et organiste,
pédagogue, écrivain, poète, photographe, élève d'Alexandre Guilmant, Théodore
Dubois et Camille Saint-Saëns fut un des fondateurs de la Schola Cantorum où,
professeur d'harmonie, il comptera parmi ses élèves Déodat de Séverac, Blanche
Selva, Auguste Le Guennant… Cette fresque sur Jeanne d'Arc est une œuvre
monumentale puisqu'elle dure environ trois quarts d'heure. Lors de la création,
le 4 juin 1905, elle était intitulée sur le programme « Poème symphonique
de Jeanne d'Arc ». Reprenant toute l'histoire de Jeanne grâce à deux
thèmes principaux qui parcourent la composition et à des motifs annexes,
l'ensemble allie à la fois continuité et diversité. Il faut aller lire sur le
site de l'éditeur la présentation ainsi que, dans la partition, la copieuse et
passionnante introduction de celui qui a réalisé cette première édition :
J-Emmanuel Filet.
Gabriel FAURÉ : Pelléas et
Mélisande. Transcription pour
orgue de Louis Robillard. Delatour :
DLT2134.
On connait la qualité des transcriptions
pour orgue de ce remarquable organiste et professeur. Les indications de
registration et de répartition des plans sont conçues pour un instrument à trois
claviers, mais il sera possible d'adapter en fonction de l'instrument dont on
dispose, en respectant cependant l'esthétique de ceux que Fauré à connus… Bref,
c'est un grand plaisir de pouvoir aborder ainsi ce répertoire.
GUITARE
Didier RENOUVIN :
Passé (re) composé.
Etudes progressives pour guitare. Débutant à supérieur. Delatour :
DLT1823.
A travers ces études, c'est toute une vie et une
expérience d'enseignement que l'auteur nous livre. Beaucoup de ces études sont
des hommages ou des clins-d'œil à tel ou tel compositeur ou guitariste connus,
ou encore des exercices de styles. Bref il y a beaucoup de variété, de vie et
de vraie musique dans ces études qui ne négligent pas, bien évidemment, le côté
technique.
HAUTBOIS
Paul STERNE : Prélude
pour hautbois et piano. Facile. Delatour :
DLT2287.
La mention « facile » risque d'induire
en erreur. Certes, cette œuvre ne demande pas de grands moyens techniques, mais
c'est avant tout une musique riche par ses harmonies délicates, son lyrisme,
son caractère méditatif et parfois un peu champêtre. C'est avant tout de la
très belle musique qu'on pourra écouter intégralement sur le site de l'éditeur.
CLARINETTE
Paul STERNE : Soliloque pour clarinette seule. Fin de second cycle. Delatour : DLT2512.
C'est une jolie pièce à l'aspect un peu
mystérieux qui mettra en valeur les qualités tant technique que musicale du
jeune clarinettiste. On peut écouter la pièce intégralement sur le site de
l'éditeur.
SAXOPHONE
Charles BALAYER : Amusette, Ah musette pour quatuor de saxophones. Moyen/avancé. Delatour : DLT2302.
Quelle jolie valse-swing ! Composée
primitivement pour accordéon, elle sonne admirablement pour ce quatuor de
saxophones. Après un intermède introductif, répété régulièrement, se déroulent
des « chorus » qui se développent de huit en huit mesures. L'ensemble
est joyeux, mais toujours avec ce brin de mélancolie du style
« musette ». C'est en tout cas très réussi !
MUSIQUE DE CHAMBRE
Thierry
PALLESCO : Sortilèges pour
quatuor à cordes. Moyenne difficulté. Delatour :
DLT2351.
Trois mouvements pour ce quatuor. Le premier, Vivace,
après quatre mesures battant la pulsation, est entièrement construit
sur une succession ininterrompue de croches jusqu'à quelques mesures de la fin.
On a l'impression d'une sorte d'envoutement. Le court deuxième mouvement est un
Lento en valeurs longues et très lyrique. Quant au troisième mouvement,
on y retrouve le rythme lancinant du premier mouvement, parfois décliné en
doubles croches, avec des envolées semblables à des fusées. On y retrouve
toutes les qualités expressives et musicales de cet organiste et compositeur
dont on pourra écouter sur Youtube les compositions pour orgue.
Thierry
PALLESCO : Prélude pastoral et fugue
pour piccolo, hautbois et cordes. Moyenne difficulté. Delatour :
conducteur DLT2350 – matériel DLT2350E.
Il s'agit d'un septuor : au piccolo et au
hautbois se joint un ensemble à cordes au complet. Piccolo et hautbois font de
courtes interventions qui ponctuent le discours des cordes. On connait le côté
« pastoral » de ces deux instruments. L'ensemble possède les qualités
musicales des œuvres de ce compositeur-organiste plus connu pour ses œuvres
pour orgue. C'est vraiment de la belle musique !
Jean-Jacques WERNER : Ils s'appelaient Pierre et Paul. Elégie pour Violon solo, Alto solo & orchestre à cordes. Solistes et réduction piano. Delatour : DLT2444. Conducteur : DLT2443.
Cette œuvre est un « Hommage aux combattants
de la Grande Guerre 14-18 » Ecrite en 2013, elle a été créée à Nancy le 17
mars 2014. Cette pièce poignante s'inscrit bien dans le regard que nous portons
aujourd'hui sur cette période de l'histoire. L'auteur cite en conclusion de son
œuvre cette phrase du prêtre et poète allemand Séverin-Anton Averdonk :
« Un monstre vint, surgi des abîmes de l'enfer, il grandit entre le ciel
et la terre, et ce fut la nuit ». Que dire de plus ?
Gérard HILPIPRE :
Symphonie de chambre pour
7 instruments solistes. Assez difficile. Delatour :
DLT2411.
Il s'agit de la réécriture en 2014 d'une œuvre
écrite en 1987. Les sept instruments sont une flûte, une clarinette (alternant
avec la clarinette-basse), violon, alto, violoncelle, piano et percussions.
L'œuvre est constituée de cinq sections qui s'enchaînent. Chacune offre un
paysage différent, en contraste avec le précédent, onirique, lyrique,
contemplatif… Il y a donc beaucoup de poésie et de charme dans cette œuvre
passionnée.
Jean-Charles
GANDRILLE : Près des fleuves de Babylone
pour violon et orgue. Difficile. Delatour :
DLT2477.
Cette œuvre est inspirée par le Psaume 136, dont
on ne retient souvent que la première phrase « Près des fleuves de
Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion. »
Mais ce chant du peuple juif déporté à Babylone contient aussi des accents terribles :
si la danse est présente aussi dans ce psaume, c'est en souvenir de
Jérusalem ; et le dernier verset exprime toute la soif de vengeance des
déportés : « Fille de Babel, la dévastée, heureux qui te rend la
pareille, le mal que tu nous as fait ! Heureux qui saisit tes enfants, et les
écrase sur le roc ! ». Tout cela se retrouve dans cette œuvre tendue,
haletante, à la fois pleine de nostalgie et de brutalité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante Commentaire
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL
3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien S'abonner par e-mail, être assuré d'être avisé en cas d'une réponse
4) Cliquer sur Publier enfin.
Le message sera alors publié.