Recensions de Daniel Blackstone dans
l'Éducation Musicale n°97 de novembre 2015
CHANT
Michel
LYSIGHT : Three Philosophers Songs sur un
texte d'Alain Van Kerckhoven pour baryton, flûte,
violon, violoncelle et piano. Delatour : DLT2500.
Sur un texte en anglais,
l'auteur nous présente trois contes philosophiques librement inspirés de trois
mythes occidentaux : le premier, inspiré de Caïn et Abel, le deuxième du
destin de l'acacia et le dernier s'inspire de la légende de Saint Nicolas.
L'ensemble laisse un rôle majeur aux parties instrumentales qui dialoguent
constamment avec le chanteur. Il y a un grand lyrisme dans cette œuvre
attachante.
Nicolas
CHEVEREAU : Quatre poèmes de
Ronsard pour baryton et piano. Delatour : DLT2543.
Parmi ces quatre poèmes de
Ronsard, trois sont tirés du recueil Les Amours : Comme on voit sur la branche au mois de May est extrait du livre
« Sur la mort de Marie » et date de 1578 ; Le printemps n'a point tant de fleurs
s'intitule Chanson dans le livre « Nouvelle continuation des amours »
(1556) et Ciel, air, et vents est
issu du deuxième livre des « Amours » et date de 1552. Quant au poème
Pourtant si j'ay le chef plus blanc,
il est tiré du quatrième livre des « Odes » publié en 1550. On voit
que le choix de l'auteur n'est pas anodin, car il réunit en un recueil des
poèmes qui ont en commun une vision de l'amour dans sa dimension exaltante et
passagère. La mort n'est jamais loin… Le langage utilisé est ce que l'auteur
appelle un « langage tonal élargi ». Le discours musical ne fait pas
redondance avec les poèmes mais les éclaire continuellement. Le chant est
lyrique, mais avec beaucoup de pudeur et de retenue.
CHŒURS
Michel
LYSIGHT : El Niño
de Atocha sur un texte d'Alain Van Kerckhoven pour chœur mixte à 5 voix (SATBB). Delatour : DLT2501.
Créée le 13 mai 2012 à
Bruxelles, cette œuvre a été inspirée par les confidences faites à l'auteur du
texte par une jeune femme de république dominicaine. El Niño de Atocha est un « enfant Jésus » local qui protégeait
des sorciers et calmait les peurs de la petite fille. L'alternance de deux
thèmes musicaux, l'un à caractère de berceuse populaire, l'autre plus rythmique
crée une ambiance typique. Bien que consonnant, l'ensemble demande un chœur
aguerri à cause de la virtuosité de certains passages, d'autant plus qu'il est
important que le texte soit parfaitement compréhensible. Mais on sera
récompensé du travail demandé par la beauté de l'œuvre.
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ORGUE
Jean-Christophe
AURNAGUE : Suite ailée. Œuvre pour grand orgue. Delatour :
2429.
Cette œuvre a été écrite à
l'occasion de la restauration de l'église du Sacré Cœur de Monaco. Titulaire de
l'orgue de cette église, l'auteur témoigne de son émotion et de son
émerveillement dans cette Suite en trois parties, trois battements d'ailes. Il
nous entraine d'abord sur les ailes de
la charité. Puis un Adagio nous fait planer grâce aux Ailes de la Foi. Enfin,
une toccata nous entraine avec les Ailes de l'Espérance. Le tout est tout à fait
jubilatoire sans être d'une difficulté insurmontable, mais demande un
instrument capable de rendre toutes les couleurs demandées par cette Suite.
FLÛTE
A BEC
Jean-François
PAULÉAT : Prise de Bec pour quintette de flûtes à bec. Delatour : DLT2247.
Cette « prise de
bec » est constituée d'un thème et de neuf variations. Elle est écrite
pour deux flûtes sopranes, une flûte alto, une flûte ténor et une flûte basse.
L'écriture en est très classique, ce qui ne veut pas dire que cela manque de
charme, bien au contraire. Si le thème peut être joué par des élèves de premier
cycle, les variations font appel à des flûtistes plus aguerris (jusqu'à début
troisième cycle). Toutes les variations ne sont pas en quintette : duos, trios
se succèdent. L'ensemble pourrait être donné avantageusement en audition par
toute une classe de flûte à bec. C'est en tout cas une œuvre aussi variée
qu'intéressante.
MUSIQUE
DE CHAMBRE
Sanam GHARACHEH : Une petite question pour
alto, violoncelle et contrebasse. Assez facile. Delatour :
DLT2532.
Publiée dans la collection
« Le temps des basses », cette courte pièce en trois parties touche
au tonal, au modal et à l'atonal avec beaucoup de fluidité et de charme. Il y a
même un passage que les jeunes interprètes doivent jouer « non
synchrone » et ils sont priés de s'attendre pour commencer ensemble la
dernière partie. Il s'agit, pour la contrebassiste qui en est l'auteur, de
rendre la musique contemporaine accessible aux jeunes instrumentistes. Elle y
réussit ici pleinement.
Anthony
GIRARD : Une îcone pour vibraphone et orgue. Delatour : DLT2475.
L'indication de
départ : « Modéré, mais joyeux, bondissant comme une danse
immatérielle » résume admirablement le contenu de cette œuvre. Ce n'est
pas le dessin de l'icône mais le chatoiement de ses couleurs qui doit iriser
cette pièce conçue quasiment comme un kaléidoscope aux multiples facettes. La
partie d'orgue « est basée sur quatre accords répétés jusqu'à la fin de la
pièce ». Répétés, certes, mais monnayés sans cesse. Il faudra, bien sûr,
que l'instrument, et pas seulement l'organiste, soit capable de traduire ces
jeux de lumière…
Jean-Christophe
AURNAGUE : Suite ailée. Transcription pour hautbois, basson et
orchestre à cordes de Christian Escaffre. Delatour : DLT2555.
On se reportera, pour les
commentaires sur cette œuvre, à ce qui en est dit plus haut dans la rubrique
« orgue ». Il s'agit en effet d'une œuvre pour orgue. Nous n'avons
pas trouvé d'explication à cette transcription, manifestement faite en plein
accord avec l'auteur. Nous ne pouvons ici que redire toutes les qualités de ce
triptyque.
Jean-François
PAULÉAT : Première Suite en
Trio pour flûte traversière, flûtes
à bec et violon. Deuxième Suite en
Trio pour flûte traversière, flûtes
à bec et violon. Delatour : DLT2167 et DLT1960.
Nous réunissons en un seul
compte-rendu ces deux œuvres car elles comportent beaucoup de points communs.
Qu'on ne se trompe pas sur la mention « flûtes à bec » au
pluriel : il y a bien un seul instrumentiste pour toute la famille des
flûtes, dont il jouera parfois simultanément. Les deux
suites se complètent. Il s'agit à chaque fois d'un bouquet de dix courtes
pièces très variées qu'on pourra jouer à la suite, dans le désordre,
séparément, au gré des humeurs et des besoins des interprètes. L'écriture est
élégante, à la fois classique et inventive, fort agréable en tout cas.
L'instrumentation atypique concours au piment de l'ensemble.