Yvette Carbou
Pierre Cochereau
Un art d'illusionniste
Collection Organ Prestige dirigée par Frédéric Denis
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Yvette Carbou
Pierre Cochereau
Un art d'illusionniste
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Yvette CARBOU : Pierre COCHEREAU – Un art d’illusionniste. Sampzon, DELATOUR FRANCE (www.editions-delatour.com ), 2014, 393 p. – 39 €
En 1989, la Revue L’Orgue avait consacré un numéro spécial à Pierre Cochereau. Dix ans après, Yvette Carbou, productrice et animatrice des Disques SOLSTICE, avait édité des Témoignages chez Zurfluh. Elle vient d’en réaliser une nouvelle édition dans laquelle elle exploite en connaissance de cause quelques 80 documents et jugements portés sur le célèbre organiste, improvisateur, compositeur, pédagogue (directeur des Conservatoires du Mans, puis de Nice jusqu’en 1979) et, dès 1955, titulaire des Grandes Orgues de Notre-Dame (Paris). Rappelons qu’il est né à Saint-Mandé en 1924 et mort à Lyon en 1984. Cet ouvrage ne se veut pas à proprement dit une biographie. Il évoque un aspect particulièrement inattendu, voire insoupçonné de Pierre Cochereau : son « art d’illusionniste ».
À partir d’une abondante collecte de souvenirs émanant de plusieurs générations de mélomanes, replacés en principe dans l’ordre chronologique, l’auteur, en évitant la flatterie excessive, rend de façon percutante hommage à Pierre Cochereau : un « phénomène de la plus belle école d’orgue qui soit au monde », selon Marcel Dupré (p. 7). Yvette Carbou, proche du compositeur, a été fascinée par sa forte personnalité et tant d’activités au cours d’une brève existence. Elle a peut-être trouvé le sous-titre du livre grâce à la définition de Pierre Cochereau : « L’improvisation est peut-être un art d’illusionniste, mais que vaudrait la vie si l’on venait à perdre l’entier de ses illusions ? ».
Au fil des pages, elle renouvelle son profil psychologique à la fois « interlocuteur attentif à autrui », « être plein de sollicitude », « bâtisseur infatigable », « musicien hors du commun », mais aussi personnage complexe, « déroutant parfois »… Grâce à une documentation très solide et avec une rare pénétration psychologique, elle évoque sa vie depuis ses études au Conservatoire et son poste à Saint-Roch. Deux interviews très éclairantes avec son fils, Jean-Marc Cochereau, ont permis de dégager ses ascendances familiales, son héritage et surtout sa sensibilisation à l’éducation des jeunes ; de qualifier les « trucs » et le vrai « métier de son père » qui disait que « les improvisateurs ne savaient pas faire court ». « Lui, bien sûr, ça lui arrivait de faire long ; mais pour une forme brève comme les variations, il savait faire court aussi. » (p. 51). Dans ce cadre, il est impossible d’évoquer toutes les sources : témoignages de sa famille (Jean-Marc et Marie-Pierre), souvenirs d’enfance, ainsi que les appréciations de nombreux interlocuteurs, notamment Claude Noisette de Crozat ; Élisabeth Hermann ; Dominique Merlet (rencontre à Bordeaux), l’Inspecteur Jacques Charpentier, alors Directeur de la Musique ; Jacques Médecin (Maire de Nice) ; Henri Gagnebin ; Bernard Gavoty ; Jean Langlais ; les réactions des critiques (genevois, entre autres), et les souvenirs de professeurs et d’élèves et des échos de son rayonnement à l’étranger.
À retenir le Chapitre XIII : « L’improvisateur à Notre-Dame », d’une importance capitale, ainsi que l’analyse très minutieuse de sa Symphonie pour Grand Orgue réalisée par Jeanne Joulain pour les amis et admirateurs de Pierre Cochereau.
Ce maître-livre, étayé de nombreuses illustrations très évocatrices : photos de R. Château, Médiathèque Pierre Cochereau à Sigean…, comprend également la liste chronologique des enregistrements d’improvisations à Notre-Dame et de ceux réalisés pendant les offices (édités post mortem). Cette contribution, qui renouvelle le sujet, a sa place tout attitrée dans la Collection « Organ Prestige » que dirige Frédéric Denis. Grâce à Yvette Carbou, à la lecture de cette magistrale étude, les mélomanes, organistes, compositeurs, musicologues et discophiles redécouvriront sous un angle original et avec une grande émotion Pierre Cochereau et son œuvre.
Édith Weber
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