L’art
du conte
Clément
Riot : Les contes de 14-18 de mémère Germaine. Avec
l’accordéon de Jean-Paul Sire.
Le
conte ne s’adresse pas qu’aux enfants. C’est une tradition
ancestrale répandue dans le monde entier de raconter des histoires
et de les enjoliver.
Les
contes de 14-18 de mémère Germaine dont Clément Riot a inauguré
le récit samedi 25 octobre à Argelès-sur-mer concernent plutôt
les adultes. Non parce que 14-18 évoque une guerre terrible,
mais surtout parce que l’art singulier de Clément Riot est teinté
d’une extraordinaire érudition et très subtilement complexe.
C’est toujours le cas avec ce créateur conteur dont l’imaginaire
s’envole dans des contrées fantastiques et crée une profusion
d’images autorisant de multiples rêveries. Le cas est un peu
différent avec ces récits qui s’enracinent dans un terreau fait
de mort et de glaise qui resurgit dans nos mémoires et notre
histoire avec un réalisme terrifiant.
Alors
oui, mémère Germaine raconte des histoires de guerre, cinq pour les
cinq années du conflit. Mais nous prévient le conteur, « elles
n’ont à l’origine rien à voir avec une quelconque actualité
commémorative et ne correspondent à aucune intention de
célébration, commande ou prévision de marché ».
La découverte d’une carte postale adressée par Mémère Germaine
à grand-père Georges a réveillé d’autres souvenirs. Ainsi « se
mêlent la petite histoire individuelle et la grande Histoire
collective ».
Ainsi apparaît la conteuse. Et l’art consommé de l’auteur-conteur
revivifie ces récits enfouis y mettant sa patte, son talent, sa
vivacité et la distance que le temps et la mémoire impriment aux
souvenirs. Pour évoquer la grand’mère, on commence par le loup,
le scorpion et le crocodile, une histoire qu’elle ignorait, faisant
ainsi un clin d’œil à la tradition du conte qui outrepasse les
temps et les lieux. Puis on fait surgir le petit cheval nommé Bijou
qui malmena fort l’officier allemand et disparut à tout jamais.
Les récits des blessés à mort, de l’horreur déchaînée, des
proches disparus s’intègrent alors au conte. Le cheminement de
l’histoire, les rebondissements du récit sont malicieusement
agencés par le conteur, chaudement soutenu par les comptines que
susurre l’accordéon de Jean-Paul Sire, présent aussi dans de
lumineux intermèdes. En même temps les contes de 14-18 de Mémère
Germaine sont publiés dans un petit livré subtilement illustré par
Laurence Gordon-Pirof.
Mais
un conteur, d’abord, ça s’écoute. Vous pourrez le faire
mercredi 19 novembre à Perpignan, à l'auditorium du Conservatoire à
15h et 18h, le dimanche 23 novembre à Cabestany, à 14h30, au centre
culturel Jean Ferrat.
Le
petit livre sera présenté le Jeudi 20 novembre à 18h à la
librairie Torcatis.
Y.L.